{Il faut un début à tout}
Il y avait un moment que je n’envisageais même pas tellement il me paraissait inconcevable, tellement il m’était impensable de le vivre avant pffou au moins quelques années, tellement mon cœur de mère saignait rien à l’évoquer : passer un w-e en amoureux, sans le Crapaud.
Enfin disons pour être plus précis : passer un w-e en amoureux, sans le Crapaud, le Crapaud passant le w-e avec Mary Poppins.
Mes blocages étaient les suivants :
1. C’est mon petit poussin à moi je ne peux pas m’en séparer il a besoin de moi sa mamie va le goinfrer de sucreries il va se faire bouffer par le chien.
2. J’allaite encore mon fils de 23 mois, si je ne suis pas là au réveil, que prendra-t-il au petit déjeuner ?
3. Tout un w-e avec Mary Poppins ? Avec Belle-Maman ?? Nan mais ça va pas la tête ???
Et puis l’idée a fait son chemin.
Le Crapaud est de + en + câlin avec Pa pa et Maman et tout à la fois de + en + à l’aise avec son entourage proche. A force d’être trimbalé à droite et à gauche depuis sa naissance il peut s’endormir à peu près n’importe où et s’adapter à peu près à n’importe quelle ambiance.
Les tétées sont moins fréquentes, plus systématiques, et même parfois c’est moi qui n’ai pas forcément envie de la lui donner, d’ailleurs s’il ne me la réclame pas au réveil ou au coucher je ne le lui rappelle pas, ou disons avec moins d’insistance.
Je me suis légitimée avec moi-même et donc avec Mary Poppins. Quelques récents évènements m’ont alertée sur mon comportement un peu rude vis-à-vis d’elle, déclic, j’arrive à prendre de la distance et à faire preuve d’empathie. C’est reposant, pas toujours gagné, mais agréablement positif.
A l’heure où Elisabeth Badinter se demande si la femme ne se fait pas écraser par la mère, j’ai eu moi aussi le sentiment que je DEVAIS m’accorder un temps de femme et mettre en parenthèse la mère.
Samedi, 18h: je fourre à la va-vite pyjama, rechange, livres et jouets dans un sac de voyage, et nous traversons la rue pour amener le Crapaud chez sa mamie. Nous « traversons la rue » oui, je sais que beaucoup d’entre vous vont nous envier cette facilité, j’en prends toute la mesure et je nous sais chanceux.
Sans trop nous attarder pour ne pas risquer le déchirement, nous souhaitons une bonne nuit à notre fils et lui promettons de le rechercher demain soir.
Une main tendue, une petite bouche qui tremble, « bras maman ! », un gros bisou, hop Mamie danse je suis déjà oubliée.
Moi aussi je l’ai déjà « oublié » J et avec empressement et délice je file me pomponner, me parfumer, me poudrer le nez !
20h30: le collant opaque noir c’est top avec la robe boule, mais quand il fait -4° c’est _juste_ un peu limite. Le resto est stylé, exigu, éclairé avec parcimonie, la musique est loungy, les plats simples mais délicieux. Ce n’est pas un endroit très romantique ni très calme, n’empêche que nous avons passé le dîner à nous remémorer notre rencontre, nos premiers voyages, mon emménagement dans son appart’ de célibataire, notre mariage… et tout ça sans le support d’un cahier de jeux pour adultes (même si j’en ai feuilleté un paquet avant de lâcher l’affaire) (quoique j’ai quand même pris le carnet de Love Tickets là…).
23h: retour à la maison, c’est génial on n’est pas obligé de marcher sur la pointe des pieds ! Je dégaine le Bailey’s, ça nous rappelle d’autres souvenirs, et on déballe les cadeaux. La veille j’avais dû fermer les yeux le temps qu’il aille planquer mon cadeau sous le lit et d’après le froissement de papier je m’attendais à un énooorme bouquet de roses (qu’il aurait acheté la veille et planqué sans eau sous le lit ??). En fait de roses, c’est un MacBookPro que j’ai découvert en ouvrant des yeux ébahis. Mon mari est fou. N’empêche que je suis bien contente, le PC joue au phénix depuis des semaines ruinant billets non sauvegardés et montages photo en cours, et avait fini par user les vestiges d’une patience déjà bien entamée…
Lendemain matin, heure indéfinie, mais sûrement trop tôt : mon horloge interne me réveille mais je n’ouvre pas les yeux, je suis à l’affut d’un appel de ma progéniture, ah oui c’est vrai elle n’est pas là, tout se passe-t-il bien ? A-t-il bien dormi ? Le Bailey’s c’était pas une très bonne idée… Je vais jamais réussir à me rendormir…
9h: à la demande de Mamoureux, l’éveil lumière de Philipps commence à gazouiller de charmants cui-cui. Snooze. 9h10 cui-cui again. Shut down. Mamoureux qui est censé se lever pour aller promener le chien de Mary Poppins traine la patte et m’empêche de me rendormir.
9h30: je le pousse hors du lit.
10h: il est de retour, le lave-vaisselle est rangé, le lit plié, le petit déj préparé, nous en profitons tranquilou sur le canapé.
11h30: il y a un soleil splendide, une température proche de celle du congélateur, mais nous sommes dans Paris, le nez au vent.
12h: brunch à l’Ebouillanté au pied de l’Eglise Saint Gervais. Je me régale de la conversation d’à côté, une jeune fille qui va fêter ses 18 ans avec 600 invités et sa mamie en chemise à carreaux siglée qui l’informe du dernier plan de salle. Mazarine a essayé sa robe. Le vestiaire sera avancé. Il y aura un bar à vodka. Elle voudrait des plots au centre pour pouvoir danser dessus. J’ha-llu-cine.
14h: On aurait dû se douter qu’il y aurait une file d’attente devant le Musée d’Orsay… on vient de marcher 2 km pour rien ? Que nenni, en face du musée d’Orsay se trouve… le musée de la Légion d’honneur et des ordres de Chevalerie, gratuit, et bigrement intéressant. D’autant que je viens de commencer le dernier Dan Brown alors l’ordre de Malte tout ça, ça m’emballe !
16h30: le retour vers la voiture sous un soleil déclinant, main dans la main, puis dans les bouchons des quais de Seine avait un petit goût de lune de miel…
***
On a récupéré un Crapaud jouasse, qui nous a à peine sauté dans les bras, au final aussi peu perturbé que nous par ce w-e un peu particulier.
Le 1er d’une série d’autres alors ?!
Edith: tiens c'est marrant, personne ne s'étonne de la couleur noire de mon gâteau tout là haut ?? C'est un coup du Crapaud, qui a touché aux boutons du four, et qui a fait brûler mon gâteau d'amour en forme de coeur... Sale gosse... Mais qu'on se rassure, j'en ai refait un autre le lendemain :) Note: penser à, au choix, fermer la porte de la cuisine quand le four fonctionne, ou acheter un four avec une sécurité enfant qui fonctionne AUSSI pendant que le four est en marche.